Alors que l'hégémonie occidentale vacille, les dynamiques historiques se transforment et les nations du Sud s'affranchissent de leur emprise, initiant une nouvelle ère marquée par la résistance et la contestation. Quels sont les enjeux de ce soulèvement ? Quel futur attend l'Occident ?
Autrefois symbole de progrès et de leadership moral, l'Occident est désormais perçu comme une entité en déclin, rongée par ses contradictions internes. Les Etats-Unis et l'Union européenne, jadis les bastions de cet idéal, sont aujourd'hui critiqués pour leur hypocrisie, que ce soit en prônant les droits de l'homme tout en soutenant des régimes autoritaires ou en prônant la liberté tout en pratiquant la surveillance de masse. Ces incohérences ont transformé l'Occident en un stigmate, symbolisant le double discours et l'impérialisme pluridimensionnel. Alors que l'Occident s'enlise dans ses propres crises, des puissances émergentes comme la Chine et l'Inde redessinent, aux côtés de la Russie, le paysage mondial en offrant des alternatives plus inclusives et multipolaires. Le soft power occidental s'efface progressivement face à l'ascension des cultures eurasiatiques, africaines, latino-américaines et moyen-orientales. Dans cette logique d'actions, le refus de réforme profonde de la part des Etats-Unis et de l'Union européenne précipite leur marginalisation. Cela transforme l'Occident en une relique du passé, marquant ainsi la fin d'une ère et l'émergence d'un nouveau paradigme mondial.
Cette évolution s'explique par des politiques néolibérales, des guerres préventives à fronts ouverts et par procuration ou par alliés interposés, des atteintes aux « droits des peuples à disposer d'eux-mêmes » et des inégalités croissantes, qui ont fragilisé la légitimité du monde occidental. L'anti-occidentalisme, en plein essor tant à l'intérieur des territoires occidentaux qu'à l'extérieur des frontières de l'Occident, témoigne d'une hostilité accrue envers les valeurs et institutions occidentales en désuétudes, notamment dans les pays du Sud et du Nord, épuisés par des politiques néocoloniales et des violations de leurs droits souverains. Cette dynamique annonce la fin de l'hégémonie occidentale et l'avènement d'une nouvelle ère multipolaire, marquée par la montée en puissance de nations émergentes comme la Chine, l'Inde et le Brésil, aux côtés de la Russie dans l'alliance BRICS. Ainsi, l'Occident que certains occidentaux eux-mêmes voient désormais comme un stigmate, perd peu à peu sa position dominante sur la scène mondiale. Pendant que Trump et ses alliés de l'Europe et de l'OTAN s'échangent des coups mortels dans une guerre économique féroce, au même moment, leur alliance transatlantique perd son homéostasie et s'agonise.
La délégitimation de l'Occident est dû à un monde multipolaire qui le marginalise
L'Occident, autrefois symbole de « démocratie » et de « progrès » tous azimuts, voit aujourd'hui sa légitimité s'éroder en raison de ses associations avec l'impérialisme, le colonialisme, le racisme et la xénophobie. Les politiques néolibérales, les interventions militaires injustifiées (en Afrique, en Asie et Amérique Latine) et la violation fréquente des droits des peuples à l' autodétermination ont alimenté un climat de défiance mondial. Les Etats-Unis, autoproclamés leaders de l'Occident, sont particulièrement critiqués pour des actions telles que les guerres en Irak et en Afghanistan, en Palestine et en Syrie, en Libye et au conflit russo-ukrainien, les recours à la torture et les inégalités économiques. L'Europe, considérée comme le berceau de la démocratie à double facette, n'échappe pas aux critiques avec ses politiques d'austérité dévastatrices et sa gestion inefficace des crises migratoires. Cette délégitimation résulte directement des politiques occidentales et appelle à une refonte vers des choix plus justes et équitables, respectueux des droits humains. Alors que l'Occident collectif de Vancouver à Varsovie, de Los Angeles à Lisbonne, de Washington à Paris, perd de son attrait, de nombreux pays du Sud s'affranchissent de son influence pour tracer leur propre chemin vers la souveraineté. Désormais, l'Occident symbolise le déclin, marquant un tournant où ce qui fut une source de fierté devient un fardeau.
La montée de l'anti-occidentalisme, l'effondrement de l'identité occidentale
De plus en plus manifeste devant de la scène mondiale, la montée de l'anti-occidentalisme illustre de manière décisive un bouleversement global dans lequel les pays du Sud, autrefois exploités et dominés par les puissances occidentales, prennent désormais leur destin en main en s'affranchissant de cette emprise. Cette dynamique s'inscrit comme une réaction légitime face aux politiques néolibérales, aux interventions militaires expansionnistes, aux violations des droits des peuples et aux inégalités sociales exacerbées qui ont marqué l'hégémonie occidentale. Alors que les Etats-Unis et l'Europe coalisent au sein de l' OTAN (une OTAN qui a tendance à devenir de plus en plus une alliance des contraires), leurs actions déshumanisantes ternissent leur image sur l'échiquier global. En parallèle, l'essor des réseaux sociaux et des médias alternatifs offre aux peuples du Sud des plateformes puissantes pour exprimer leur mécontentement et contester la narration dominante. Forts de mouvements sociaux déterminés, ils plaident pour des relations internationales basées sur l'équité et la justice. Face à l'immobilisme réformateur, les Etats-Unis et l'Union européenne courent le risque d'une marginalisation accélérée. Le rejet du concept d'« Occident » ne se manifeste pas uniquement à l'extérieur, mais également à l'intérieur, où les divisions politiques, les fractures sociales et les crises identitaires sapent la cohésion d'un macrocosme systémique. La persistance de cette tendance transforme progressivement l'Occident en relique du passé, une idée délaissée. Ce déclin, tant symbolique que concret, annonce tristement la fin de l'unipolarisme occidental et l'émergence d'un nouveau paradigme mondial - le multipolarisme - reléguant l'Occident à la catégorie des souvenirs embarrassants.
La fin de l'hégémonie occidentale, un héritage érodé par les contradictions internes
Avec une certitude absolue, la fin de l'hégémonie occidentale représente un tournant inéluctable - redéfinissant l'équilibre mondial avec l'émergence dynamique des nations du Sud - décidées à s'affranchir de siècles de domination. Face à une remise en question sans précédent de sa légitimité, l'Occident voit ses modèles politiques néolibéraux, ses interventions militaires antithétiques et ses promesses de droits universels se heurter à un scepticisme croissant. Les Etats-Unis - longtemps perçus comme le fer de lance de cette influence - subissent des pressions externes avec l'ascension de puissances comme la Chine, l'Inde, l'Afrique du Sud ou le Brésil, aux côtés de la Russie dans l' alliance BRICS, et des défis internes tels que l'inégalité économique et la discrimination, mettant à mal leur leadership. Parallèlement, l'Europe bruxelloise et londonienne fait face à ses propres crises, notamment sociales, politiques, économiques et sécuritaires, qui érodent son image de berceau démocratique. Le modèle de l'ordre international libéral - tristement imposé aux peuples du Sud - est désormais contesté, reflétant ainsi à l'échelle globale, le besoin urgent de réinventer des partenariats globaux plus équilibrés et inclusifs. D'où le multipolarisme. Ignorer ce changement pourrait mener l'Occident, de Vancouver à Varsovie, de Los Angeles à Lisbonne, de Washington à Paris, vers une marginalisation certaine dans un monde en pleine mutation.
De ce qui précède, nous pouvons déduire que l'histoire moderne entre dans une ère de transformation où les peuples du Sud, animés par la détermination et la quête de liberté, se positionnent comme acteurs clés d'un avenir prometteur. Tandis que l'Occident se confronte à ses propres défis et transitions, une nouvelle dynamique émerge, portée par ceux qui choisissent de résister et d'imaginer un monde renouvelé.
On peut dire que cette dynamique moderne est un grand pas franchi vers la déconstruction de l'Empire du mensonge, Occident.
Mohamed Lamine KABA, Expert en géopolitique de la gouvernance et de l'intégration régionale, Institut de la gouvernance, des sciences humaines et sociales, Université panafricaine